Aller au contenu principal

Jacques Henric

Numéros de page :
3 p. / p. 78-80
Corps à corps singulier, la boxe n'est évidemment pas seulement une rencontre de deux hommes, elle dépasse l'espace du ring. C'est sans doute ce qui fascine et provoque, comme l'écrit Joyce Carol Oates, "une volonté obstinée de comprendre" ce qu'est le noble art. Mais c'est aussi une volonté de nous comprendre, tant la fascination qu'exerce la boxe peut paraître troublante. "Je dois ainsi à mon intérêt pour la boxe d'en savoir un peu plus sur moi", raconte Jacques Henric. "Boxe", son dernier livre, prend prétexte de deux événements - le souvenir d'un coup de poing donné par un camarade de classe et la rencontre, bien plus tard, avec le double champion du monde Jean-Marc Mormeck - pour écrire une histoire de corps souffrants et jouissants. Une histoire, personnelle, de la boxe où s'entremêlent, en vingt chapitres comme autant de rounds, coups donnés et coups reçus, écriture, sexe, mort et mysticisme, humiliations, K.-O. lumineux et défaites annoncées. Vingt chapitres dans lesquels Jacques Henric convoque boxeurs fantômes, boxeurs gazés, boxeurs déchus, boxeurs noirs et blancs, boxeurs dandys écrivains ou boxeurs gueules cassées, qui, tous, furent tout à la fois gagnants et perdants et ont cherché à écrire l'histoire avec leurs poings. Bref, on comprendra qu'il y a dans ce livre une manière d'interroger ce que peut être la littérature et ce qui peut la rapprocher de la boxe. Un combat à l'oeuvre, donc.