Ce devait être la "der des ders". Ce fut, pour eux, la première des guerres. Pris dans l'engrenage du conflit de masse, les écrivains furent nombreux à rejoindre un front meurtrier, qui les plaçait en première ligne, à portée de fusil. A leur tour, ils ont payé un lourd tribut sur l'autel du désespoir : un demi-millier d'entre eux ne revint jamais des tranchées, parmi lesquels Charles Péguy, Alain-Fournier ou encore Louis Pergaud, qui devait regretter sa "Guerre des boutons". D'autres en sont rentrés blessés, brisés. Ils ont pour nom Barbusse, Remarque, Céline ou Hemingway. Et de cette catastrophe humaine sans précédent ils ont su tirer une oeuvre féconde, terrifiante, qui rend compte de leurs existences pulvérisées. Une littérature pour dire l'indicible, qui constitue encore, un siècle plus tard, le plus vivant des monuments aux morts.