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Correspondances amoureuses. « Que je t'aime, que je t'aime, que je t'aime » (Johnny Hallyday)

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Numéros de page :
pp.75-80
L'amour... comme la beauté, notre beau (et parfois terrible) souci. Il y a ceux qui en parlent, d'autres qui le taisent. Céline, dans une lettre à l'une de ses maîtresses : "Vous m'aimez bien mais je vous fâche. Je ne parle pas assez d'amour. "Parlez-moi d'amour! ... " Je voudrais bien mais je ne peux pas." Et pourtant, amoureux, il le fut, Céline (rappelons-nous sa passion pour la dédicataire du "Voyage au bout de la nuit", la danseuse Elizabeth Craig). Quant aux "Lettres à des amies", elles auraient leur place à côté des correspondances amoureuses recensées dans les pages qui suivent, même si écrire "Je t'aime" lui brûlait le papier. Il voudrait bien, mais ne peut pas, alors, il fait le dur, celui à qui on ne la fait pas: "L'amour c'est l'infini mis à la portée des caniches." Or, si l'infini est cette lumière qui traverse les voyages au bout de la nuit que sont les aventures littéraires qui comptent (en l'occurrence celles de Claudel, de Camus, de Sollers, de Dominique Rolin, de Chateaubriand), c'est l'amour qui la suscite et la porte. Et ceux qui en sont illuminés n'ont rien de petits cabots aboyeurs. Pour filer la métaphore animalière de cet amoureux empêché qu'était Céline, disons qu'il aurait été mieux inspiré de faire référence à ces chiens qu'il admirait (souvent des chiennes), bêtes raffinées, aristocrates, qui dans les explorations polaires sont à la tête du traîneau, sauvant meute et hommes de la crevasse qu'elles seules devinent.