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Klaus Theweleit, égorger, puis éclater de rire

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Numéros de page :
pp.94-95
Paru en 1977-78, "Fantasmâlgories" de Klaus Theweleit a révolutionné la compréhension de la violence politique, en étudiant intimement l'imaginaire des membres des corps francs, ces milices d'extrême droite qui semèrent la terreur en Allemagne après la Première Guerre mondiale et préparèrent l'arrivée au pouvoir de Hitler. Prenant à contre-pied les interprétations traditionnelles fondées sur la critique idéologique et sociohistorique, le chercheur allemand y effectuait une lecture psychanalytique de la "structure corporelle" de ces jeunes hommes élevés dans la violence, passés par une rude discipline militaire, pathologiquement désarmés devant leur libido. "Le Rire des bourreaux" est le troisième livre de Theweleit à paraître en français, après "Un plus un", son essai sur le cinéma de Claude Lanzmann et Jean-Luc Godard (Théâtre Typographique, 2000), et "Fantasmâlgories" (l'Arche, 2016). L'auteur y applique ses théories aux meurtriers de masse actuels, d'extrême droite ou djihadistes, génocidaires rwandais ou enfants-soldats en Afrique. Il y cite abondamment les criminels eux-mêmes, les comptes rendus de leurs procès, les descriptions de leurs exactions - laissant le lecteur glacé d'horreur.