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François Cheng ou l’arrière-pays de l’écriture

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Numéros de page :
pp.93-104
Un écrivain n’est sans doute jamais assimilable à une nation, que ce soit sa nation d’origine ou d’adoption. Sa patrie, c’est d’abord l’écriture ; et un voeu tacite de nomadisme lui est inséparable. L’exil est la condition même du langage romanesque et poétique et il serait vain de vouloir démêler la part du destin et de la liberté qui se joue dans la vie d’un écrivain : n’est-il pas, comme par vocation, toujours à l’oeuvre au cours d’un inlassable exode ? Ici ou là, aussi simple et familier qu’il soit, la hantise de l’écriture le met à part des liens du sol et du sang. Un beau symbole de cette étrangeté irréductible nous est donné par le dernier recueil de François Cheng, "Echos du silence" (Créaphis, 2018). Ce livre a le format d’un passeport et vient en contrepoint de photographies en noir et blanc du fleuve Saint-Laurent au Québec. C’est un autre pays que la France ou la Chine, c’est l’arrière-pays de l’écriture.