Face à la crise de l'agriculture, que faire ? Deux orientations existent. Celle qui constitue la politique agricole depuis cinquante ans, à base d'agrandissement, de mécanisation, de pesticides, d'engrais, de haute technologie, bref, une industrie nécessitant des capitaux importants, fournissant très peu d'emplois, des aliments contaminés et pauvres nutritionnellement. Et une autre orientation que nous présentons dans ce dossier : une agriculture paysanne, artisanale, à échelle humaine, à forte technicité mais sans high-tech, à forte production d'aliments de qualité, avec de nombreux emplois et, en prime, de forts liens sociaux. Sans aucun soutien public ou presque, les petites fermes nourrissent le monde. Aujourd'hui comme hier, dans le monde entier, montre l'association espagnole GRAIN, et comme demain - si les gouvernements arrêtent de subventionner l'agriculture industrielle. En France, les microfermes prennent leur essor décrit Kevin Morel, au point que l'INRA étudie aujourd'hui leurs systèmes pour savoir pourquoi et comment ils fonctionnent... A la base des petites fermes : la semence. Ananda Guillet explique les raisons du combat pour des semences libres et reproductibles. Véronique Chable, Riccardo Bocci et Frédéric Rey exposent les résultats du grand programme de recherche européen SOLIBAM sur la sélection des semences à la ferme. On ne peut manquer de s'interroger sur le fort développement actuel des microfermes en France, bien après les Etats-Unis avec des pionniers comme Eliot Coleman dès les années 1970... qui s'inspirait lui-même des travaux des maraîchers parisiens de la fin du XIXe siècle ! Alors, pourquoi si tard, pourquoi maintenant ? Nous avons demandé son avis à l'un des pionniers de la bio en France, Philippe Desbrosses. Enfin, la production des petites fermes, même bio, c'est beaucoup plus que l'alimentation... c'est aussi tout ce qu'elles représentent que nous ingérons : mangez vos symboles ! nous dit Fra