Aller au contenu principal

Claude Miller, portrait de l'artiste en clown punk

Numéros de page :
6 p. / p. 30-35
Pourquoi revenir sur ″Voyez comme ils dansent″ un mois après sa sortie (critique, n°605-606, pp 134-135) et nous entretenir avec Claude Miller une cinquième fois ces dix dernières années ? Par fidélité à un cinéaste qui n'a cessé de nous surprendre et de nous étreindre dès 1976 et ″La Meilleure Façon de marcher″ ? Assurément. Mais parlons net. ″Voyez comme ils dansent″, que Miller s'en est allé tourner là-bas, au Québec, en osmose totale avec le génie des êtres et des lieux, est un des titres les plus importants de son auteur. Un de ces portraits de femmes à quoi l'on reconnaît, chez les plus grands, l'amour vrai du cinéma et de la vie. Un de ces portraits d'artiste - fulgurance de James Thiérrée - par quoi quelques cinéastes touchent au sommet de leur art et de leur maturité. Pavane souriante pour un saltimbanque défunt. Miller cite dans son film Apollinaire, et ici Valéry. Offrons-lui, en manière d'exergue, du premier, la fin de ″La Maison des morts″ : ″D'avoir aimé un mort ou une morte / On devient si pur qu'on en arrive / Dans les glaciers de la mémoire / A se confondre avec le souvenir / On est fortifié pour la vie / Et l'on n'a plus besoin de personne″. Et du second, cette ″mauvaise pensée″ : ″Tout ce que tu dis parle de toi, singulièrement quand tu parles d'un autre″.