Aller au contenu principal
couverture du document

Petits maîtres hollywoodiens, années 1930 à 1950

Numéros de page :
22 p. / p. 90-96, 98-112
Maîtres ou petits maîtres ? Le besoin de procéder par classification n'est pas un phénomène nouveau. Si le XIXe siècle a apporté un soin particulier à la constitution de catégories et de classes, le XXe siècle n'a pas été en reste, notamment le cinéma, ou il a décerné le titre de « maître » à certains réalisateurs tandis qu'il reléguait les autres au rang subalterne d'habiles artisans, voire de tâcherons. Pour parler de maîtres, et donc de petits maîtres, plusieurs critères s'imposent. Un critère structurel d'abord : la maîtrise, en effet, aura du mal à s'épanouir si elle n'est pas contrainte, soumise à un champ ou se mêlent l'esthétique, l'économique ou le politique. Le Hollywood de l'âge d'or des studios est ici le système nécessaire. Un critère de cohérence ensuite : l'oeuvre doit présenter une unité thématique ou formelle. Un critère de validation enfin : c'est un regard rétrospectif, celui du critique ou du chercheur, qui joue un rôle de sélection et de discernement. Le petit maître ne rempli t jamais tout à fait les deux dernières obligations : il présente des faiblesses ou des manques. Pour autant, le temps d'un film, d'une rencontre avec une actrice ou d'une inspiration aussi brève qu'intense, il provoque un plaisir inattendu chez le spectateur. C'est la raison pour laquelle il retient notre attention et, malgré ses défauts ou son inconstance, nous ravit quand nous pensions que c'était un droit réservé aux seuls grands.