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Un Siècle de Guerre de 14

Numéros de page :
21 p. / p. 90-108, 110-111
La Grande Guerre a un siècle, mais sa représentation cinématographique aussi. Dès la première année de combat se côtoient sur les écrans français images d'actualités filmées, oeuvres patriotiques ("Une Page de gloire" de Léonce Perret) ou bandes drolatiques, type "Bout-de-Zan veut s'engager" de Louis Feuillade. Il en est pourtant de la guerre de 14-18 au cinéma - et par-delà l'onomatopée - comme du big-bang. Impossible de remonter à l'explosion originelle. La ligne de feu réelle n'a jamais été filmée, parce que c'était trop dangereux, parce que la machinerie cinématographique était trop lourde. On n'a gardé au mieux que la trace de troupes qui se déplacent, de batteries d'artillerie qui tonnent, de geysers de boue au loin. Ce manque premier, le cinéma n'aura de cesse de le combler par la fiction. Parce que l'horreur de la boucherie fondatrice n'est pas montrable, la Grande Guerre se projette au gré du siècle à travers d'inépuisables visions et révisions que s'approprient les pays belligérants, les époques, les créateurs... Ce court dossier s'efforce d'en analyser quelques-unes, certaines incontournables (l'entre-deux-guerres franco-américaine, les grands cinéastes contre que sont Kubrick, Losey, Rosi...), d'autres peu abordées (le cinéma soviétique), voire inattendues (la délocalisation coloniale du conflit).