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Roy Andersson

Numéros de page :
8 p. / p. 14-21
C'est au 24 de Sybillegatan ( "la rue de la Sibylle" si bien nommée pour cet artiste énigmatique) que nous a reçu Roy Andersson dans son immeuble de quatre étages où, tel Méliès à Montreuil dans les débuts du cinéma, il a installé ses bureaux, ses archives, ses salles de montage et de projection... mais surtout deux immenses plateaux qui lui ont permis de tourner avec une équipe de dix personnes, de façon quasi artisanale et en autarcie absolue pendant quatre ans chacun et à intervalles réguliers, les trois volets de sa trilogie : "Chansons du deuxième étage", "Nous, les vivants" et "Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence", qui a remporté l'an dernier le Lion d'or au festival de Venise. Affable, chaleureux, fébrile et passionné, Roy Andersson dément la réputation, faite par certains critiques, d'être un misanthrope. C'est mal comprendre la nature des grands satiristes qui souffrent de voir l'homme infliger à ses semblables d'autres blessures. L'humour, cette politesse du désespoir comme disait Chris Marker, est alors le refuge de ceux qui n'acceptent pas le monde tel qu'il est. D'où cette série de vignettes en autant de plans-séquences que le metteur en scène peaufine avec une maîtrise absolue pour rendre compte de la comédie humaine.