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Todd Haynes, "Carol"

Numéros de page :
8 p. / p. 14-21
A première vue, « Carol » paraît vouloir rééditer ou prolonger le miracle de « Loin du paradis » (2002) : voyage émotionnel et romanesque dans les préjugés sociaux de l'Amérique des années 1950. Mais comme il l'explique dans l'entretien minutieux qu'il nous a accordé, en adaptant un roman peu connu de l'écrivain de « L'Inconnu du Nord-Express », Todd Haynes a remplacé la stylisation « sirkienne », l'exubérance formelle du film antérieur par une recherche accrue d'authenticité, de crédibilité des personnages et de leur cadre social. Le « chaînon manquant » entre ces deux longs métrages est sa magistrale adaptation pour la télévision de « M ildred Pierce »de James M. Cain, aux antipodes du classique noir de Michael Curtiz. Ce qui relie aussi ces trois oeuvres de Haynes, outre leur splendeur visuelle, est son talent à collaborer avec des actrices qui donnent le meilleur d'elles-mêmes : en l'occurrence Rooney Mara, primée à Cannes pour sa composition hypersensible, et Cate Blanchett, qui fait de Carol un personnage à l'apparence sublime mais hypercontrôlée, livrant in extremis une fragilité extrême en même temps que des ressources affectives insoupçonnées.