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L'Ironie est un art perdu

Numéros de page :
17 p. / p. 6-22
Paul Verhoeven n'a pas vraiment été, jusqu'à aujourd'hui, un "auteur Cahiers"... A l'exception d'une ou deux notules bienveillantes et d'une critique élogieuse de "Black Book" agrémentée d'un petit entretien, la revue est presque systématiquement passée à côté de ses films, les taxant de vulgaires, violents, réactionnaires. Sans doute que du miroir déformant, criard, carnavalesque qu'il tend, il était tentant de ne retenir qu'une séduction facile, sans voir que ces images excessivement maquillées faisaient partie d'un projet dont l'ironie était l'arme principale. A 77 ans, Paul Verhoeven relance donc en France son parcours atypique. Aux Pays-Bas, il fut vite un cinéaste à succès avec "Turkish Delight" (1973), "Soldier of Orange" (1977), "Spetters" (1980) et "La Chair et le Sang" (1985). Au coeur des années Reagan, il traverse l'Atlantique pour réaliser "Robocop" (1987), "Total Recall" (1990), "Basic Instinct" (1992), autant de succès au box-office, et c'est en cinéaste bien installé qu'il commet un double attentat avec "Showgirls" (1995) et "Starship Troopers" (1997). Sa carrière pâtit de ces deux échecs commerciaux, et "Hollow Man" (2002) sera son dernier film américain, avant un retour triomphal en Hollande avec "Black Book" (2006).