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Le Nom "Noir" et son double

Numéros de page :
pp.95-99
Le nom «Noir», comme signifiant racial, traîne avec lui toute une «poétique fruste», à laquelle l’écrivain haïtien Jean-Claude Charles aura fourni un abécédaire détaillé. «Parcours alphabétique» lancinant, répétitif, qui convoque ses habituels bestiaires (guenon, bête, Tarzan…), son anatomie fantastique (bouche, crâne, nez, phallus, dentition, cul de la négresse…), ses lieux consacrés (Harlem, l’Afrique, le Katanga…) ou encore ses symboliques éculées (ébène, feu, magie, nuit…). Ce catalogue d’images – cabinet des curiosités littéraires – implique aussi une politique qui se décline autour de quelques grands thèmes. Convoquer le nom «Noir», c’est toujours s’en tenir à une série de problèmes précis. Ils reviennent d’ailleurs aujourd’hui avec plus ou moins d’éclat sur le devant de la scène : les questions relatives à l’identité et à la différence, à la tension entre authenticité et assimilation, à la race, à l’universel. Identité, race, intégration – trois termes qui enserrent et épuisent, en un mouvement, tout ce qu’on peut attendre du nom «noir» sur le plan politique. Pas autre chose.