La Mère de toutes les universités
Bulletin : Historia spécial 61
Numéros de page :
pp.54-69
Dans le dernier tiers du XIIIe siècle, l’Université de Paris entre dans la force de l’âge et devient un véritable troisième pouvoir, à côté de l’Eglise et de l’Empire : après des débuts prometteurs à partir de 1200, l’Université reçoit, du cardinal Robert de Courçon, ses premiers statuts en 1215 et la reconnaissance officielle de la papauté, qui lui accorde l’autonomie en 1231. L’institution s’organise alors comme une association de maîtres et d’élèves unis par des règles de vie, des cours, des vêtements et des examens communs. Fondée dans une ville dynamique, attirant des maîtres renommés pour leur savoir théologique et philosophique, l’Université de Paris devient au cours du XIIIe siècle l’endroit par excellence où mener à bien des études supérieures. La rive gauche de la Seine concentre alors les lieux d’enseignement : des étudiants venus de tout l’Occident s’y pressent pour obtenir leurs examens (licence, maîtrise) dans la langue du savoir du temps, le latin. Lieu des innovations intellectuelles, le Quartier latin rassemble aussi des structures pédagogiques destinées à accueillir les étudiants pauvres. C’est ainsi qu’apparaît le collège de Sorbonne, créé en 1257 par le confesseur de Saint Louis, Robert de Sorbon, afin de permettre aux étudiants désargentés de poursuivre des études. Le savoir devient donc un passeport favorisant l’ascension sociale, car l’Eglise et les pouvoirs laïques commencent à offrir des carrières lucratives à ceux qui maîtrisent les subtilités de l’écrit. La présence de l’Université a aussi des répercussions économiques sur le développement des métiers liés au livre : parcheminiers, enlumineurs, libraires se regroupent à proximité de l’Université, multipliant les manuscrits, ce qui renforce encore l’attractivité de la cité. Grâce à l’Université, Paris conquiert sa place de capitale culturelle de l’Occident à l’orée du XIVe siècle. Sommaire. Etudier, à tout prix. Les théologiens du Quartier latin. Une cité à la page. Le psautier de Saint-Louis. L'aristotélisme : entre attirance et réprobation. Ribaudes et dames de plaisir.