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Eric Rondepierre, la prison de la honte

Bulletin : Art press 495
Auteurs
Numéros de page :
pp.86-88
Dans sa préface au livre d'Eric Rondepierre sur ses photographies, paru en 2003, Pierre Guyotat rappelle que le 17 octobre 1961, Je jeune élève Eric, brillant premier de sa classe dans l'école de la rue des Bauches, rentrant de la récréation de 10 heures, voit deux adultes, un homme et une femme, qui l'appréhendent devant les élèves, les instituteurs, le directeur de l'école, le poussent dans le réfectoire, puis hors de l'école où attend une Peugeot 403 noire dans laquelle on l'oblige à monter. Il vient d'être enlevé, sans ses effets personnels, autres que les vêtements qu'il porte et ses souliers (pas même le temps de prendre son manteau resté dans le vestiaire). Enlevé à ses camarades, à sa mère. Direction Le Home, à Fontenay-sousBois, un "établissement religieux, d'origine luthérienne (confession d'Augsbourg)", où sont regroupés des enfants par les services sociaux, lesquels seront bientôt rejoints par de jeunes délinquants. Eric a 11 ans, il sera totalement libéré de ce lieu qu'on peut, sans forcer le ton, qualifier de détention, en 1968. Il a 18 ans. Faut-il s'étonner qu'aujourd'hui Eric Rondepierre fasse paraître un livre portant le titre "La Maison cruelle", livre écrit à la mémoire des "enfants de la Petite Roquette", une des "maisons de correction", les plus cruelles surgies en France, en plein Paris.