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Tourisme, nouveaux paradi-gme-s

Bulletin : Urbanisme 426
Numéros de page :
pp.10-11, 14, 16-46, 48-76
Au début des années 1960, alors que le tourisme prenait sa dimension économique de masse, les historiens se sont passionnés pour ce qu'ils ont appelé le« Grand Tour », cette pratique culturelle et sociale de l'aristocratie et de la haute bourgeoisie européenne, qui envoyaient ses jeunes gens en un long voyage continental afin de conclure et parfaire- par l'expérience -leurs humanités. Un usage qui connut son apogée au milieu du XVIIIe siècle, lorsque la découverte des sites antiques et des oeuvres classiques était une composante fondamentale de toute éducation de haut rang. Cette image du voyage initiatique d'une jeunesse dorée, appelée à perpétuer une tradition intellectuelle et artistique- documentée par certains auteurs, dont Chateaubriand-, est relativement structurante d'une conception originelle du tourisme contemporain qui sélectionne les sites et oeuvres « à voir » dans une vie. Pourtant, il est établi aujourd'hui que le « Grand Tour » répondait bien plus à une convention sociale permettant de maintenir et développer des relations de castes qu'à une forme romantique d'ouverture intellectuelle et culturelle. Cet idéal bourgeois de faire partie de ceux qui ont « fait » Rome, Louxor ou Gavarnie s'est diffusé dans toutes les destinations et à toutes les pratiques d'un tourisme de consommateurs : « Vous avez fait les Seychelles ? Nous, on a fait Cancun. » La pandémie de Covid-19 a fait « atterrir » - en référence à Bruno Latour - les touristes compulsifs à la recherche du toujours plus (plus loin, plus d'activités, plus de nourriture et de boissons), en les entravant dans leurs mobilités lointaines et en fermant les lieux de consommation de masse, comme les 'resorts'. Sommaire. Tourisme, en chiffres et lettres. 3 questions à Cécile Helle, maire d'Avignon. Quel tourisme dans la société de l'après-covid ? Des sites naturels au bord de l'asphyxie. Vichy, le réveil de la belle. Vichy est devenue maître de son destin. Comment décarboner le tourisme ? Le "smart tourisme", menace ou opportunité numérique ? Les fantômes de l'or blanc, portfolio. La grande évaporation des saisonniers. Saisonnier recherche logement désespérément. "Nous avons le plus grand réseau de balades décarbonées au monde". Quelles stratégies territoriales autour d'un musée ? Les festivals musicaux, nouveaux marqueurs territoriaux. Dans le Vercors, un tourisme aux deux visages. Venise ne veut plus du monde d'avant. Saskia Cousin : "Le tourisme, comme industrie, comme récit et comme pratique est une crise en soi".