Pascal Boniface, directeur de l'Iris : "L'autonomie stratégique européenne est en état de mort cérébrale"
Bulletin : Nouvel économiste 2127
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pp.15-16
Pendant la guerre en Ukraine, le “grand jeu” géopolitique entre les grandes puissances continue. C’est l’analyse froide et lucide à laquelle invite Pascal Boniface, le directeur de l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques) en plein coeur de la confrontation militaire. Si à coup sûr, la Russie sortira de la guerre plus faible qu’elle n’y est rentrée, le conflit donne un coup d’accélérateur aux plans américains, estime le géopolitologue, qui va jusqu’à voir dans le projet d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne un “cheval de Troie” américain. Et l’expert de s’alarmer sur cette perte d’autonomie stratégique européenne tombée “en état de mort cérébrale”. Quant à la Chine, l’autre grand protagoniste des relations internationales, le conflit ukrainien est “une très mauvaise opération”, principalement parce qu’en renchérissant les prix de l’énergie et des produits alimentaires, il affaiblit les perspectives de croissance sur laquelle le régime de Pékin fonde sa légitimité. Face à toutes ces réalités géostratégiques, Pascal Boniface, adepte de la realpolitik, invite les Européens qui se montrent en général “trop naïfs” à défendre leurs intérêts propres dans une démarche qui n’est pas pour autant “nécessairement immorale”.