Aller au contenu principal
couverture du document

La Boétie et la servitude volontaire

Numéros de page :
6 p. / p. 78-83
Pourquoi accepte-t-on de se soumettre ? Près de cinq siècles après La Boétie, l'énigme de la servitude volontaire n'a pas fini de hanter nos vies. Inutile de rejeter la faute sur les oppresseurs de tout poil qui nous écraseraient à notre corps défendant : c'est aux asservis que s'adresse le penseur humaniste pour interroger cet étrange plaisir de la soumission que nous achetons au prix de notre liberté. En effet, cet asservissement n'est pas une fatalité : si c'est en nous que s'enracine la tyrannie, c'est en scrutant nos désirs les plus obscurs que nous pouvons la déloger. La portée révolutionnaire du "Discours de la servitude volontaire" nous est expliquée par Frédéric Gros : en montrant que ce n'est pas le pouvoir qui crée l'obéissance, mais l'obéissance qui crée le pouvoir, l'ami de Montaigne renverse la perspective traditionnellement adoptée en philosophie politique.