Rome, chacun le sait, fut toujours une puissance conquérante et ses armées, avec le temps, s’avérèrent les meilleures du monde occidental, supérieures aux unités légères de ses voisins immédiats comme aux lourdes machines des grandes puissances du temps, grecque ou carthaginoise. Tout ne fut pas à l’image d’un long fleuve tranquille : l’histoire romaine est jalonnée de désastres ponctuels que l’historiographie officielle s’efforça plus tard d’estomper, mais les conquêtes, s’ajoutant aux conquêtes, finirent par façonner un Empire impossible à conserver – et à gérer – par les seules armes. Le génie romain fut sans doute alors d’inventer, pour gouverner pareils territoires – aussi divers que la Gaule ou l’Afrique du Nord –, des stratégies d’une grande souplesse. Ecraser de taxes un peuple soumis était contre-productif, comme lui imposer, de l’extérieur, un régime politique contraignant. Mieux valait l’associer à la perception – toujours douloureuse – de l’impôt, tout en lui mettant sous les yeux les avantages du modèle romain et donner à ses élites l’envie et la possibilité de s’intégrer dans des structures civiques copiées sur le modèle du vainqueur. Ainsi les bienfaits de la Pax romana eurent-ils autant d’efficacité, pour cimenter l’Empire, que la pesante menace des légions. Sommaire. L'invité du spécial : Mathieu Engerbeaud. Plus efficace que le glaive : l'arme fiscale. Rome pour et par la guerre. Les Etrusques victimes de l'ogre romain. 146, année terrible. L'armée romaine passée en revue. Les vaincus sous contrôle. La question de la terre et de la citoyenneté. Deux modèles de romanisation en Gaule du Sud. L'eau, élément vital de la domination romaine. Tous les chemins mènent... Ces businessmen qui font briller l'Europe. Le sang en hommage et en exemple. L'Egypte, vaincue mais triomphante.