Le Désir d'écologie, impensé de la transition
Bulletin : Futuribles septembre 2022
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Numéros de page :
pp.57-71
Les questions écologiques font régulièrement la une de l’actualité, les rapports se multiplient pour alerter sur le franchissement de limites planétaires, les catastrophes climatiques en tous genres s’accumulent partout dans le monde : tous les éléments sont réunis pour une prise de conscience des enjeux et de l’urgence à agir. Pourtant, même si l’Europe est leader dans les ambitions affichées en matière de baisse des émissions de gaz à effet de serre, l’écologie politique n’est pas parvenue à s’imposer, en France, comme réelle alternative aux autres courants politiques. Les dernières élections l’ont confirmé : le sujet écologique est jugé prioritaire par les citoyens, mais il est délaissé dans les urnes et ne fait toujours pas figure de projet alternatif. Jean Haëntjens s’interroge sur les spécificités de ce « désir d’écologie » : ce qui les explique, ce qui pourrait aider à inverser la tendance pour qu’enfin l’écologie soit prise en main par les politiques au sens large — les partis, les décideurs, les institutions… Il rappelle le décalage entre les préoccupations des citoyens en matière d’environnement, d’aspiration au vivre mieux, et leur incarnation très lacunaire dans les horizons politiques. Étonnamment, l’écologie ne s’incarne pas comme projet politique national, alors qu’elle peut y parvenir à l’échelle locale. Comme le souligne Jean Haëntjens, c’est bien souvent à ce niveau local que le désir d’écologie peut s’enraciner : par une mobilisation progressive, pas à pas, fondée sur les préoccupations les plus concrètes des citoyens (exemple de Copenhague). Le désir d’écologie est bien présent en France, mais pour l’heure, il reste orphelin ; le défi des années à venir est de donner à voir comment il peut investir le quotidien, de manière concrète, innovante et motivante, de sorte qu’il puisse être effectivement partagé par le plus grand nombre. Peu de chiffres.