Le Rosaire de La Forêt-Fouesnant, Basse-Bretagne
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31 p. / p. 89-119
Même dans le contexte des politiques de la gloire orchestrées par Louis XIV, le portrait du roi n'est pas toujours sous contrôle de l'Etat. L'exemple d'une peinture de confrérie du Rosaire bas-bretonne, figurant Louis XIV précédé de son ancêtre et patron saint Louis, permet d'analyser l'iconographie religieuse du roi comme une création collective. L'étude des archives paroissiales confrontées à la représentation dévoile un procédé de commande complexe auquel prirent part les Dominicains du couvent le plus proche, la fabrique encadrée par son recteur ainsi que l'évêque de Quimper. Ces deux autorités locales se firent d'ailleurs figurer sur la toile au sein de la hiérarchie ecclésiale et face au groupe royal. La peinture n'est pourtant pas une image de la chrétienté en dévotion, et les fidèles, écartés de la représentation mais assemblés devant l'autel, se voient intégrés à un ordre social, politique et religieux qui construit une société chrétienne idéale en harmonie avec le monde céleste ; le culte local, le respect des autorités ecclésiastiques et le loyalisme monarchique sont étroitement associés dans une même quête du salut. Ainsi, dans une province éloignée du pouvoir central, récemment révoltée puis réprimée, des cadres locaux et une partie des paroissiens ont mobilisé et adapté un langage symbolique qui soulignait leur fidélité et restaurait l'ordre général. Synthèse d'influences diverses, la peinture dévoile alors l'alliance entre un catholicisme réformé triomphant et le renforcement de l'autorité royale, tout en rappelant que toute manifestation de loyalisme monarchique n'est pas nécessairement le fruit de la propagande.