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A l'occasion de la sortie de "En guerre", entretien avec Stéphane Brizé

01 mai 2018
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Numéros de page :
8 p. / p. 116-123
"En guerre" ne nous prend pas par surprise. Tant sur le plan thématique que sur celui de la mise en scène, nous renouons avec ce qui avait fait le prix de "La Loi du marché", il y a trois ans. La guerre dont le titre nous avertit est une guerre contemporaine, une guerre civile, une guerre qui ne veut pas dire son nom, mais qui cause des dommages irréversibles. Une guerre en corrélation avec que l'économiste Viviane Forester avait présenté dans un livre resté célèbre, "L'Horreur économique". Le film de Stéphane Brizé est effectivement un film d'horreur, mais sa "Nuit des morts-vivants" n'a rien de fantastique. Le cinéaste nous invite à regarder la marche du monde dont il a lié certains éléments par le biais de la fiction, celle-ci s'enroulant autour de quelques personnages emblématiques. Le film se garde d'être didactique, mais ne se prive pas de mettre en lumière les rouages d'un monde où le fric a cessé d'être un instrument pour devenir une idole à laquelle tout doit être sacrifié. Stéphane Brizé a choisi de nous montrer le combat d'un groupe d'hommes et de femmes qui luttent pour empêcher leur usine de fermer, alors même qu'elle est rentable. mais il n'est pas nécessaire de lire les journaux avec une attention scrupuleuse pour savoir qu'en ce domaine les dés sont en grande partie pipés d'avance. Le film nous touche d'autant plus que Brizé emploie les mêmes méthodes que pour "La Loi du marché", confiant la quasi-totalité des rôles à des non-professionnels qui souvent ont eux-mêmes été confrontés aux difficultés dont le film porte témoignage, l'exception étant une nouvelle fois Vincent Lindon, bouleversant de rage rentrée, comme à son habitude. C'est peu dire que nous marchons...