Pendant plusieurs décennies, André Bazin a été mis de côté, jeté aux oubliettes. On l’a traité en précurseur estimable, mais désormais sans importance, ou important du seul point de vue historique, voire comme le tenant attardé d’un idéalisme dont une époque éclairée par la révolution structuraliste (puis par ses vulgates, puis par les contre-révolutions qu’elle a suscitées) n’avait plus que faire. Marginalisation qui n’aurait pu trouver de justification que dans une confrontation sérieuse avec ses écrits. Mais il n’en fut point ainsi. Parmi les deux mille huit cents articles publiés par Bazin entre 1942 et 1958, très peu – quelques dizaines, au plus – ont été pris en considération par ses commentateurs. D’où l’image simpliste, voire caricaturale, à laquelle Bazin a été réduit pendant le troisième tiers du xxe siècle.