Géopolitique de Camus
Bulletin : Critique 859 - décembre 2018
01 décembre 2018
Auteurs
Numéros de page :
pp.980-992
Certes, les vies politiques de Camus ne nous étaient pas inconnues. Nous n’ignorions ni l’éphémère militant communiste algérois, ni l’animateur de théâtre mariant passion de la scène et volonté d’agit-prop, ni le journaliste enquêtant sur l’injustice coloniale. Nous connaissions le résistant ainsi que l’antistalinien précoce, persuadé qu’il « faut appeler concentrationnaire ce qui est concentrationnaire, même le socialisme » (Cahier VI des "Carnets"). Nous avions quelque idée de ses sympathies libertaires. S’agissant de l’Algérie, les voix qui dénonçaient bruyamment son prétendu silence devant la guerre n’avaient pas tout à fait recouvert la sienne, dénonçant dans "L’Express", au même moment, ce qu’il appelle sans barguigner l’« occupation » française. Nous avions entendu Camus refuser tout accommodement avec le totalitarisme et toute caution au terrorisme.