Aller au contenu principal
couverture du document

Musique de barbares

01 juin 2010
Numéros de page :
/ p. 71-97
Depuis des décennies, la musique populaire, celle qui n'est pas savante, suscite le scandale et la réprobation. Le jazz, le rock, le rap... sont à tour de rôle accusés de choquer les oreilles, le bon goût, et le sens moral. Forts de leur ignorance des lois de l'harmonie, ces genres cumuleraient la pauvreté formelle, un propos simplet, et un goût infantile pour la provocation. Ces musiques sont ainsi implicitement assimilées à une certaine image de l'autre, canaille et racaille, celui qui ne fait pas partie de la société respectable, et qui n'est peut-être pas apte d'ailleurs à s'y inscrire. Ce qui va se cristalliser autour de la figure du jeune, qui rejoint étrangement les caractéristiques que l'ordre dominant attribue au peuple, immature, sous-éduqué, bruyant, et sourdement dangereux. Evidemment, les scandaleux finissent souvent par être neutralisés, ils deviennent à la mode, ils intègrent le paysage culturel. Mais de nouveaux scandaleux surgissent, qui viennent faire entendre leur recherche d'un monde différent.