Sur les ″Principes de colonisation″ d'Arthur Girault, 1895
Bulletin : Revue historique 657 - janvier 2011
01 janvier 2011
Auteurs
Numéros de page :
25 p. / p. 119-144
Arthur Girault, professeur de droit et doyen de la faculté de droit de Poitiers de 1923 à 1931, publie en 1895 la première édition de ses ″Principes de colonisation et de législation coloniale″. L'étonnante destinée éditoriale d'un livre, qui connaîtra cinq éditions en moins d'un demi-siècle et servira à la formation de milliers d'administrateurs coloniaux, justifie l'intérêt qui peut être porté, aujourdhui encore, aux conceptions que l'auteur développe. L'article traite exclusivement de la partie introductive d'un ouvrage qui se déclinera progressivement en cinq tomes. Le propos de l'auteur est d'ancrer la description de la législation coloniale dans ce qu'il appelle des principes de colonisation. Il s'agit de relier la problématique générale de la colonisation à celle de la législation coloniale en montrant que le type de colonisation détermine les choix institutionnels et les modèles juridiques. Arthur Girault construit sa théorie autour de trois principes qui renvoient aux trois formes de colonisation qu'il croit discerner. Le premier principe, l'assujettissement, est moralement critiquable, car il tourne le dos au devoir d'éducation et d'élévation que le colonisateur conserve à l'égard du pays colonisé. Le deuxième principe, l'autonomie, est pour Girault un modèle vertueux. Il admire l'Angleterre qui s'en inspire pour l'organisation de son empire, mais il rejette sa transposition pour l'Empire français au nom d'un supposé génie latin. Le troisième principe, l'assimilation, exprime les préférences de Girault. Cest aussi pour lui le point d'aboutissement d'une politique coloniale réussie, car elle vise à unir étroitement la colonie à sa métropole en s'inspirant des idéaux républicains. Pour lui, les colonies intégrant la patrie doivent progressivement être soumises aux mêmes règles que la métropole. Mais l'auteur admet aussitôt dans les éditions successives de son ouvrage que cette idée généreuse re