Maisons, hostels, meix
Bulletin : Revue historique 675 - juillet 2015
01 juillet 2015
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Numéros de page :
28 p. / p. 619-646
A la différence des châteaux et maisons fortes, des palais urbains et des habitats paysans du Moyen Age, depuis longtemps étudiés par les historiens et archéologues, les demeures des élites locales, c'est-à-dire des gros marchands des petites villes ou des campagnes, des officiers de justice et de finances, des clercs mariés, notaires et autres juristes, ou encore des curés ou chanoines des chapitres collégiaux, en général issus du commun, mais parfois aussi de la petite noblesse, restent davantage dans l'obscurité. L'objectif de cet article est, à partir de l'exemple du bailliage bourguignon de l'Auxois, de mieux connaître ces résidences. L'étude s'appuie prioritairement sur les sources de la pratique - comptabilités, reconnaissances de cens, enquêtes... Elle se penche d'abord sur le lexique utilisé pour désigner ces résidences, passant au crible des mots banals de la langue de la France du Nord, tels que les termes « maison », « hostel », « chez », « manoir » ou « meix », dont le sens a jusqu'ici paru tellement évident aux historiens qu'ils ne se sont guère interrogés dessus ; soigneusement examinés dans leur contexte, ces mots révèlent leur signification et leur spécificité. En ajoutant à l'exploitation des textes l'observation des monuments encore en élévation et des vestiges mis au jour par les archéologues, l'étude s'attache ensuite à exhumer les principales caractéristiques des résidences des notables en matière de localisation, de composition, d'architecture et de structuration intérieure. Elle met en particulier en évidence l'existence et l'importance de la « salle », espace commun et polyvalent, parfois support d'une activité hôtelière ; et elle souligne la prépondérance de la fonction économique et productive qui s'adosse de façon presque systématique à la résidence des notables.