Briser les idoles païennes ou les sauvegarder ? Le sort des statues divines de Caesarea - Cherchel, Algérie - à la fin de l'Antiquité
Bulletin : Revue historique 677 - janvier 2016
01 janvier 2016
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23 p. / p. 3-25
La cité de Caesarea de Maurétanie et ses environs offrent une diversité de sources exceptionnelle pour comprendre le sort qui fut réservé aux statues des dieux païens dans l'Antiquité tardive. Une série de quatre bases de statues qui portent des inscriptions tardives mentionnant leur transfert depuis des lieux sordides, témoignent de l'intérêt que les autorités municipales portaient encore aux statues à la fin du IVe siècle. Au début du Ve siècle néanmoins, deux Passions consacrées à Salsa de Tipasa et Marciana de Césarée, probablement composées par un même hagiographe habitant la région de Caesarea, diffusent auprès des fidèles un discours de légitimation de la violence individuelle contre les statues païennes, à rebours des positions adoptées par l'Eglise d'Afrique et la législation impériale. La documentation archéologique, enfin, fournit des témoignages difficiles à analyser de mutilations de statues, dont certaines au moins furent probablement effectuées sous le contrôle des autorités civiles, sous la pression d'une partie de la communauté chrétienne. L'ensemble de ces documents témoignent des débats et des polémiques au centre desquels se sont retrouvées les statues des dieux païens à la fin de l'Antiquité. Ils illustrent le consensus qu'elles pouvaient susciter auprès de certaines élites païennes et chrétiennes, mais aussi les multiples pressions exercées par des chrétiens plus radicaux pour obtenir leur mutilation ou leur disparition.