Conservation et captures animales au Congo belge, 1908-1960
Bulletin : Revue historique 679 - juillet 2016
01 juillet 2016
Auteurs
Numéros de page :
28 p. / p. 577-604
Cette contribution examine les tensions entre la protection de la faune et son appropriation par le biais d'une étude des ponctions d'animaux protégés au Congo belge aux fins d'alimenter les jardins zoologiques. Elle débute par l'analyse des mesures juridiques de protection qui établissent des listes d'espèces protégées, toutefois dotées d'exceptions en faveur des institutions dites scientifiques, y compris les zoos. Une seconde partie se penche sur les politiques et pratiques coloniales qui découlent du droit, de la cession d'autorisations de captures aux délégués des institutions scientifiques ou à des colons choisis à la progressive monopolisation officielle des captures des animaux les plus protégés. Ce faisant, les recherches confirment la codification et la restriction croissantes des ponctions au profit des élites de l'Occident mises en évidence par les travaux de John MacKenzie. Mais l'étude, examinant ensuite la matérialité des ponctions officielles par le biais de leurs incidences sur les populations animales, témoigne de ce qu'elles opèrent largement dans la continuité des motifs antérieurs, échouent à rationaliser les pratiques et fondent de nouvelles traditions d'exploitation de la faune, y compris s'agissant des animaux les plus protégés. Ces orientations sont mises en relation, en conclusion, avec les fondements utilitaristes des politiques environnementales au Congo belge.