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Littératures d'anticipation

01 août 2012
Numéros de page :
29 p. / p. 3-31
″La pensée anticipatrice c'est la prise de conscience de la mutation qui se prépare. Ce n'est pas une ″fuite vers le futur″ mais une exigence irrésistible du présent″ (revue ″Arguments″ n°29, septembre 1958). L'écriture du temps, et particulièrement du futur, n'est pas affaire d'époque : elle est alimentée par les imaginations les plus riches depuis la fin du XVIIIe siècle. ″La Quinzaine littéraire″, dans son numéro 225 du 16 janvier 1976, avait consacré aux fictions spéculatives un important dossier. Imaginer le futur suppose une vue d'ensemble sur le fonctionnement humain dans toutes ses extensions et une perception très aiguë de notre présent. Les écrivains, poètes, cinéastes, physiciens, historiens, philosophes, parce qu'ils explorent le passé et le présent de notre civilisation, semblent naturellement enclins à penser le temps, décrire le futur et tenter de dessiner un avenir possible. L'anticipation, qui regroupe les spéculations nées de la diversité des genres de science-fiction et de la littérature ″blanche″, illustre la richesse des possibles. Entre les extrêmes, dystopie ou utopie, se glissent des lendemains plausibles, proches. Si certains auteurs ont vu le fruit de leur imagination prendre une forme de réalité, écrire le futur ne peut se limiter à une forme de prédiction ou de prophétie. Ecrire le futur, c'est avant tout comprendre notre présent, l'observer par le prisme de l'acte que nous sommes en train d'exécuter. C'est aussi, dans certaines projections lointaines, se livrer à un exercice d'imagination, de construction d'une société future avec sa propre structure, se propre règles, dans un présent projeté et un temps plastique. C'est encore, dans les univers post ou pré-apocalyptique, une forme de résurgence de la mémoire, qui émerge de l'oubli pour illustrer les dérives possibles de notre présent. C'est enfin l'élaboration d'une langue, d'une poésie, dont la puissance évocatr