Labyrinthes interculturels dans les littératures de l'océan Indien
Bulletin : Diogène 246-247 - avril 2014
01 avril 2014
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Numéros de page :
17 p. / p. 153-169
Les anciens paradigmes de la résistance, du refus, de la contestation ou de la réponse, trop manichéens, ont été remplacés par celui, plus nuancé, de la négociation et du dialogue interculturel. Les littératures de l'océan Indien n'échappent pas à cette réorientation de la lecture, d'autant plus qu'elles ne sont plus seulement considérées dans le cadre restrictif et contraignant d'une relation entre d'anciennes colonies et leur métropole, mais de plus en plus réinscrites dans le cadre d'un océan qui, davantage que l'océan Atlantique, se caractérise par une très longue histoire de migrations, de rencontres interculturelles, de créations de langues (le swahili et les créoles, par exemple) et de cultures assumées comme hybrides, mélangées, en perpétuelle évolution et adaptation aux conditions de la rencontre, que celle-ci se fasse dans un cadre asymétrique ou non. Dans cette perspective, les conceptions linéaires du temps ainsi que les appréhensions géométriques et planes de l'espace font place à l'idée de coprésences temporelles dans le moment apparemment contemporain et de couches spatiales superposées ou entrecroisées dans le plan apparemment unique. C'est à l'intérieur de cette saisie d'univers polymorphes et polycentrés, tout en étant entremêlés, que se repensent les catégories de la migration, de la rencontre, du passage, de la frontière.