Jean Eustache n'a jamais disparu des pages des "Cahiers", qui ont publié le scénario de "La Maman et la Putain" quelques années après sa mort ainsi que plusieurs entretiens, un supplément (en avril 1998), et une monographie (d'Alain Philippon), la seule jusqu'à ce que Kentaro Sudoh ne lui consacre un ouvrage de recherche fin 2022 et Philippe Azoury, ce mois-ci, un passionnant essai. Pourtant, aujourd'hui la vigueur du geste cinématographique d'Eustache- qui frotte documentaire et fiction, enregistrement d'une parole brute et puissance créatrice, autobiographie et dissolution du moi - nous apparaît plus intraitable que jamais. La ressortie par les Films du Losange, le 7 juin, de tous ses films restaurés, dans le sillage du succès de "La Maman et la Putain" l'été dernier, constitue un événement. Il faut revoir de toute urgence, sur grand écran et de préférence dans l'ordre chronologique, les saillies "Nouvelle Vague" des "Mauvaises Fréquentations", les bifides "Rosières de Pessac" et "Une sale histoire", ou "Mes petites amoureuses", qui pour être le mieux financé de ses films, ne fut pas son moins personnel -et prendre acte de ce que charrient de la France des années 1960 et 1970 ces éducations sentimentales signées par un écorché. Sommaire. Vestiges d'Eustache. De la politique des infortunes. Au fil des films. Eustache vu de l'Amérique. Eustache à la page.