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La |Carte vitale biométrique : bonne ou mauvaise idée ?

Bulletin : L'Obs 3029
27 octobre 2022
Numéros de page :
pp.22-23
Le projet, défendu de longue date par la droite, est actuellement à l'étude au ministère de la Santé. Il s'agirait d'ajouter, sur la puce de notre carte Vitale, des informations biométriques, c'est-à-dire des données issues de la biologie, en l'occurrence les empreintes digitales. Une manière simple, selon ses promoteurs, de lutter efficacement contre la fraude à l'assurance-maladie, qui grève les finances publiques d'environ 500 millions d'euros chaque année. Il est vrai que le système d'assurance à la française a longtemps laissé pulluler les cartes surnuméraires, permettant à quelques réseaux organisés d'user à mauvais escient de ces cartes "fantômes" (elles étaient 3 millions en 2020 selon la Cour des Comptes, même si une minorité était utilisée). L'assurance-maladie jure qu'elle fait le ménage, revendiquant 1 million de contrôles par an. Intégrer des données biométriques est-il donc encore pertinent ? Au-delà de la question du coût technologique de ce projet, de la question, sensible, de la protection des données personnelles, de la réticence des professionnels de santé (pharmaciens, médecins, kinés, etc.) à se charger de leur vérification, il semble surtout que la carte biométrique passe à côté du problème réel : 80% du montant de la fraude à l'assurance-maladie ne provient pas des assurés, mais des praticiens. Or, ces infirmiers, médecins généralistes ou dentistes qui, pour augmenter leurs revenus, déclarent plus d'activités qu'ils n'en réalisent ne seront aucunement concernés par une refonte de carte Vitale, biométrique ou non.