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A propos des "Rascals", entretien avec Jimmy Laporal-Trésor (réalisateur et co-scénariste) et Sébastien Birchler et Virak Thun (co-scénaristes)

01 janvier 2023
Numéros de page :
pp.118-133
"Les Rascals" impressionne d'abord par son ampleur et sa densité. En tout juste 1h45, le film développe une dizaine de protagonistes aux personnalités distinctes et tire le portrait de la France du début des années 1980, d'un point de vue à la fois social (le délaissement des quartiers populaires), culturel (on croise les anciens du gang des Antillais et de jeunes danseurs de hip hop) et politique (la montée de l'extrême droite, plus que jamais d'actualité). Le film n'a rien d'un tract : il ne dit pas seulement que la jeunesse emmerde le Front National mais détaille les raisons de la colère dans chaque camp, montre l'engrenage douloureux de la violence, même lorsque celle-ci semblait justifiée. "Les Rascals" est un film de bande mais se garde bien de présenter les groupes de façon homogène. Les lignes de fracture sont multiples, entre les générations (parents, jeunes adultes et adolescents ont chacun leur vision de la société), entre les cultures (le français est la langue commune mais tout le monde parle aussi un argot ou un dialecte qui lui est propre), entre les positions politiques (le mouvement skinhead est montré dans sa diversité)... Les codes du film de genre sont utilisés pour eux-mêmes - afin d'impressionner, de choquer et d'émouvoir le public - mais aussi pour interroger la société française d'hier et d'aujourd'hui. Le pari est réussi sur les deux tableaux.