Les Choix éducatifs des familles parlementaires dans la France moderne, XVIIe-XVIIIe siècles
Bulletin : Revue historique 689 - janvier 2019
01 janvier 2019
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pp.25-56
L’article se propose d’éclairer les stratégies éducatives des familles parlementaires françaises des XVIIe et XVIIIe siècles, à partir des récits de formation livrés par les individus ou leurs biographes. La collecte d’un peu plus de soixante-dix trajectoires individuelles parisiennes et provinciales permet en effet d’adopter le point de vue familial (et non plus celui des sources scolaires) et illustre les multiples choix qui s’offraient à un milieu où les exigences réglementaires sont légères du point de vue éducatif – les conseillers transmettent la charge leur fils –, mais où les attentes sociales et familiales sont souvent élevées. Il montre d’abord que si la reproduction de la situation paternelle est majoritaire et généralement souhaitée par la famille, bien des enfants choisissent une autre voie. Ceux qui reprennent l’office bénéficient sans surprise d’une éducation associant formation domestique et passage par le collège puis par l’université pour obtenir la licence en droit. Mais ce qui caractérise surtout ce milieu, par rapport aux groupes comparables, et que l’article entend mettre en valeur, c’est son très fort investissement dans l’éducation à travers le recours à de nombreux établissements ; le goût explicite pour les institutions les plus à la mode et les mieux fréquentées, dont les jésuites, et ensuite les pensionnats ; et la volonté enfin de toujours compléter la formation scolaire ou universitaire par des formes de préceptorat ou de cours particuliers, afin de produire des magistrats à la solide culture juridique, mais aussi capables de briller par leurs discours ou leurs relations sociales choisies. Si les spécificités de la culture parlementaire avaient déjà été plusieurs fois soulignées, ce sont donc les moyens de sa construction que cet article entend interroger.