Une corne de brume retentit tandis que la caméra évolue dans les profondeurs sous-marines. Une voix off masculine prend la parole en néerlandais : "Si j'avais un fils, que lui dirais-je en guise de bienvenue en ce monde ? Je ne décrirais peut-être qu'une soirée, rien d'autre. Une soirée sur mon bateau, ce lourd cargo bâti qui, en un instant, peut devenir une fragile coquille, ballottée par les forces de l'océan. Je lui parlerais de ce monde d'hommes qui est le mien. Je lui parlerais de notre vie passée à essayer de contrôler l'incontrôlable." Qui parle ? Le capitaine hollandais Jakob Storr, dont le film nous a annoncé quelques secondes plus tôt au générique les "réminiscences" ? Le titre, cependant, nous promettait aussi et avant tout "l'histoire de [s]a femme"... Pourquoi donc commencer par nous immerger dans un "monde d'hommes" ? Qui dirige cette plongée à contre-courant de ce qui nous a été annoncé ? Sommaire. Regards portés. Entretien avec Ildiko Enyedi : "Transformer le verbal en langue du cinéma".