Michel Audiard, le mauvais esprit
Bulletin : Revue des deux mondes 5
01 juillet 2022
Numéros de page :
pp.19-105
Jeune journaliste, Michel Audiard écrivait sous pseudo des reportages sur la pègre dans "L'Etoile du soir". Dans l'article qu'il consacre à cette période peu connue de celui qui n'était pas encore le dialoguiste culte des "Tontons flingueurs", Franck Lhomeau, son biographe, raconte que cet "envoyé spécial permanent" parcourait "le monde de sa chambre, sans quitter ses pantoufles, en pratiquant le "reportage immobile". Une pratique couramment acceptée à l'époque. Rien n'était vrai, mais rien n'était vraiment faux : on entretient la légende, on romance la vérité. Quand Michel Audiard évoque sa rencontre avec Al Capone, le patron de la mafia de Chicago, qui vient de sortir de onze années de détention à Alcatraz, il décrit un homme ruiné, vieilli, las, désabusé, "à la calvitie ourlée de cheveux gras", qui se plaint d'être l'objet de cabales de la part de ses anciens ennemis du milieu. On croirait entendre les caïds qu'il fait parler et pleurer sur le bon vieux temps dans la cuisine des "Tontons flingueurs"... Sommaire. L'esprit français tel qu'en lui-même enfin l'éternité le change. Bons baisers de France : la nouvelle société pompidolienne dans les réalisations de Michel Audiard. L'attraction exercée par les ennemis publics sur la cervelle des cinéastes ne date pas d'aujourd'hui... L'Occupation : une dée fixe de Michel Audiard ? Audiard en cuisine : les tontons font de la résistance. Les "Tontons flingueurs", miroir déformant du milieu ? Audiard et Blondin, une amitié du roman culte au film-cuite et inversement. Le moment Simenon ou le jardin secret de Michel Audiard. Michel Audiard, morceaux choisis.