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Restitutions et jeux de dupes

01 juillet 2022
Numéros de page :
pp.154-161
"Je veux que, d'ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique." Ainsi s'exprimait Emmanuel Macron lors du discours prononcé le 28 novembre 2017 à l'université de Ouagadougou, au milieu d'un ensemble de considérations de tous ordres relatives à l'Afrique et dans une énonciation qui portait en elle son propre vice de forme et de fond : "je veux". Il s'agissait, naturellement, de manifester avec emphase un volontarisme progressiste enfourchant le tigre du sens présumé de "l'Histoire avec sa grande hache", de revendiquer par l'usage du "je" qu'on en était l'impétueux initiateur, faisant fi des poussiéreuses traditions, le droit, la conservation, les collections muséales, toutes ces vieilles lunes qui constituent le patrimoine d'une nation (horresco reforens) et qu'il suffit de renverser comme on change la décoration d'un salon.