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"Aucun ours" de Jafar Panahi

Bulletin : Positif 742
01 décembre 2022
Numéros de page :
pp.32-33
Le nouveau film de Jafar Panahi s'ouvre sur une image pleine d'une promesse impensable au vu de la situation du cinéaste dans son pays. Une scène de vie quotidienne dans une rue turque, au milieu de laquelle la caméra s'attarde sur des détails anodins : un vendeur de thé ambulant qui tracte son chariot fumant, des musiciens itinérants qui séduisent le chaland par leurs percussions et leurs chants, des anonymes qui boivent des bières à la terrasse d'un café... Le réalisateur du "Miroir" (1997) et de "Sang et Or" (2003) aurait-il trouvé une faille dans la muraille iranienne pour s'extraire de son pays forteresse et exfiltrer enfin son art loin des miradors des mollahs ? Las, un zoom arrière révèle bientôt la supercherie et les barreaux toujours intacts de sa prison, en laissant apparaître par surcadrage un écran d'ordinateur, maigre fenêtre sur le monde extérieur depuis laquelle le proscrit tente de diriger un nouveau film à distance, mettant en scène la tentative d'exil d'un couple d'Iraniens bloqués en Turquie en attente de papiers et de passeurs.