La Fayette et Frances Wright : liberté, égalité, affinités
Bulletin : Revue des deux mondes 2023
01 juillet 2023
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pp.139-145
Le pays enfanté par la Révolution française voit défiler les régimes politiques : l'idée de liberté continue sa quête de définition. Durant la Restauration, ultras et constitutionnels, majoritaires, se disputent la monarchie, avec ou sans la concession de la Charte, tandis que les libéraux, juristes de la bourgeoisie d'affaires, plaident pour leur vision de la liberté. La Fayette en est l'un des principaux représentants. Tenu à distance pendant le Consulat et l'Empire, après cinq années d'emprisonnement et deux d'exil, La Fayette siège à gauche et tient invariablement son rôle libéral dans l'opposition. Chateaubriand relèvera la fixité : "M. de La Fayette n'avait qu'une seule idée, et malheureusement pour lui elle était celle du siècle [...]" L'écho des actions du grand homme résonnait encore dans les années 1820 : le retentissement du succès de Yorktown, les chocs empressés des roues du carrosse royal ou un serment fusant dans la foule tricolore du Champ-de-Mars. Il fallait une jeune femme pour tourner le cou au héros des deux mondes vers l'idée d'égalité qui peinait à s'incarner. En 1821, La Fayette rencontre Frances Wright. Trente-huit ans les séparent, le goût de l'Amérique les rapproche. Mais qu'est-ce qu'une génération à l'échelle du rêve américain ?