Bienvenue dans l'ère du rationnement
Bulletin : Socialter 55
01 décembre 2022
Numéros de page :
pp.18-47
Après avoir célébré, en dépit de toutes les alertes écologiques, la pérennité et la prospérité future de la civilisation du confort connecté, les gouvernants, en France comme ailleurs, se retrouvent désormais à presser leur population de faire des efforts, de se serrer la ceinture et de faire preuve de « résilience »... face aux pénuries à venir. A bas bruit, les perspectives de multiples rationnements se dessinent, quitte à sombrer dans de nouvelles formes de contrôle social visant moins la conjuration des catastrophes écologiques que la préservation d'un modèle de domination et de production écocidaire. Mais face aux désastres à venir, nous sommes bien obligés de prendre un instant l'outil du rationnement au sérieux : lesquels de nos usages et consommations pourrait-on rationner pour limiter la casse écologique, et comment ? Une « carte carbone » individuelle est-elle une option sérieuse pour diminuer nos émissions ? Qu'ont à nous apprendre les expériences de rationnement passées ? Parce qu'il implique une diminution de la liberté de consommer, le rationnement trébuche en permanence sur l'écueil de l'autoritarisme et de la surveillance : comment, alors, repenser nos besoins et réorganiser de fond en comble nos modes de production et de consommation pour éviter le paternalisme étatique tout en visant l'autolimitation ? Sommaire. Mode survie activé ? Précis de gestion néolibérale des pénuries. Rationne-moi si tu peux ! Une carte carbone pour nous rationner tous ? Le rationnement menace-t-il nos libertés ? A Cuba, les rations révolutionnaires. Le goût de l'égalité. Vers une autolimitation des besoins.