Jusque dans les années 1970, l'étude des chances d'accès à l'enseignement supérieur, et de leur évolution dans le temps, privilégiait des mesures fondées sur une comparaison d'écarts statistiques. · cette ″orthodoxie″, en a succédé une autre qui s'attachait à des taux de variation et enfin, à partir des années 1980, une ″orthodoxie logistique″ reposant sur des rapports de chances (odds ratio). Cet article propose une histoire critique des traitements statistiques des inégalités de destin,en restituant les enjeux de la concurrence entre les méthodes. Il montre, par la mise en oeuvre sur un même exemple, que les différentes méthodes peuvent conduire à des conclusions divergentes et que la succession des orthodoxies, apparemment gouvernée par des considérations techniques, n'est pas sans rapport avec les changements d'orientation des politiques nationales et internationales en matière d'éducation. L'ensemble de cette analyse conduit à porter un regard critique et réflexif sur l'autonomisation, au cours des trente dernières années, d'une sociologie statistique organisée autour de pratiques abstraites et sophistiquées.