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Le Mandarin, le gestionnaire et le consultant

01 septembre 2012
Numéros de page :
19 p. / p. 33-51
En juillet 2009 est votée une loi dite « Hôpital, patients, santé, territoires », qui réforme à la fois la « gouvernance » de l'hôpital et son environnement institutionnel. La première consacre et renforce les pouvoirs des chefs d'établissement ; la seconde crée des agences régionales de santé, fusionnant, au niveau régional, les administrations déconcentrées de l'Etat et des services de l'Assurance maladie. Cette réforme, inspirée par une réinterprétation nationale des préceptes du New Public Management pour les rendre compatibles avec les institutions sectorielles héritées de la trajectoire spécifique de l'Etat français, a provoqué une mobilisation sans précédent des élites médicales hospitalo-universitaires. Celles-ci ont été, en effet, écartées du processus de décision au profit d'autres groupes d'agents, étatiques et non étatiques, porteurs d'une conception industrielle de la médecine hospitalière. Au sein de cette coalition modernisatrice, les grands cabinets de conseil occupent une place de choix. Grâce à la Révision générale des politiques publiques (RGPP), les consultants parviennent à s'ouvrir de lucratifs marchés en amont et en aval de la réforme hospitalière. L'article pose donc la question de la reconfiguration des élites réformatrices de l'hôpital dans ce moment spécifique de la réforme de l'Etat qu'est la RGPP et de l'éventuelle disqualification des élites médicales, jusque là propriétaires légitimes des questions médicales.