Sociogenèse de la révolution tunisienne
01 mars 2016
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Numéros de page :
17 p. / p. 55-71
Cet article vise à poursuivre empiriquement une piste d'analyse articulant expansion scolaire, chômage, et inégalités régionales pour comprendre ce qui s'est passé en Tunisie en décembre-janvier 2010-2011. Il montre que la figure du diplômé-chômeur, incarnée par le mythe Bouazizi, s'inscrit en fait dans un contexte de forte expansion scolaire et de chômage croissant des diplômés qui en sont issus, en particulier dans les régions de l'intérieur. L'article décrit cette situation à travers des séries statistiques de moyenne durée et des trajectoires de diplômés-chômeurs qui reviennent des villes côtières de leurs études au domicile parental de leur village d'origine. Il leur est alors pratiquement impossible de trouver un emploi stable, par exemple dans la fonction publique, et de s'émanciper. Il ne s'agit pas de soutenir que ces phénomènes seraient les causes ultimes de la révolution tunisienne, mais de bien voir qu'ils constituent une cause légitime de révolte largement répandue dans l'intérieur des terres et relativement récente.