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Ecole & religion, les liaisons dangereuses

01 novembre 2024
Numéros de page :
pp.20-81
Ecole du diable contre cris de corbeau. Ces termes, qui ne sont finalement plus aussi désuets qu'on aurait pu l'imaginer, sont ceux avec lesquels croyants et laïcs se sont souvent invectivés, parfois même affrontés. Cette image, très IIIe République, est d'une belle simplicité et reflète parfaitement cette valse immémoriale entre deux conceptions de l'instruction : foi contre raison, diriger les consciences ou les éveiller, guider des croyants ou élever des citoyens. L'école et la religion, vieilles amantes, ont su s'allier au fil de notre histoire, tout comme se déchirer violemment par moments. Dès l'époque féodale, l'éducation religieuse a servi de ferment à la structuration de la société en mutation, préparant son émergence en tant que nation. Sous l'Ancien Régime, la religion se faisait garante de l'identité chrétienne du royaume et du pouvoir absolu de ses rois. Condorcet et Lakanal, malgré leurs efforts en pleine Révolution, échouèrent à imposer une éducation laïque et républicaine, faute de moyens et face aux turbulences des temps. Leurs réflexions poseront tout de même les bases de notre éducation publique, qui devront encore coexister avec un enseignement religieux enraciné dans une société essentiellement rurale et très attachée à ses croyances. Sous Napoléon, soucieux de former une élite fidèle à son régime, l'État prend fermement le contrôle de l'éducation, mais l'Église conserve son influence, notamment sur l'enseignement primaire. Le XIXe siècle, avec ses révolutions et soubresauts, cristallise les tensions durables entre croyants et laïcs autour de la question de l'instruction. Pour aboutir à la loi de 1905, qui les sépare enfin. Pourtant, avec la loi Debré de 1959, les établissements privés, principalement confessionnels et catholiques, se voient finalement rattachés au contrat républicain, en vertu du pluralisme. Un mariage de raison donc, qui vire encore régulièrement à la relation toxique. 'Sic transit gloria mundi'! Sommaire. L'héritage gréco-romain. Des barbares à Charlemagne. L'essor des écoles urbaines. L'Université de Paris. Au Moyen Age, les petites écoles se multiplient. Quand l'Eglise contrôle les consciences. L'école des femmes. Révolution des pouvoirs éducatifs. Le clergé perd du terrain. La charge des hussards noirs de la République. La Loi de 1905, le coup de grâce pour le clergé. L'école aux colonies, mythe français. Les mutations d'une école rurale. Les écoles privées sous contrat. "Au XIXe siècle, les conservateurs catholiques n'ont pas cessé de combattre l'école publique, considérée comme "l'école du diable"", entretien avec Vincent Troger.