Jacques Cels relit le " Monde d'hier" de Stefan Zweig. Cette oeuvre autobiographique relate la vision politique de Zweig. Le message que comporte cette oeuvre est révélatrice de l'attitude des écrivains de l'entre-deux-guerres et des grandes discussions du moment sur la création de l'idée d'Europe intellectuelle et littéraire. A cette époque, le littérateur se voyait autant comme un philosophe, sociologue et penseur que comme un artisan et un orfèvre des mots. L'acte littéraire est le lieu de discussion et de résolution des problèmes éthiques, moraux mais aussi sociaux et politiques de l'heure. Stefan Zweig en témoigne. Les écrivais jouissaient de cette fonction de guide intellectuel qui renforçait la portée de leur parole et les impliquait dans le monde de la façon la plus immédiate. C'est dire que les discussions intenses qui animaient les livres portaient des fruits dans les milieux politiques et intellectuels du temps, et, en ce sens, les écrivains furent alors ce dont leurs émules d'aujourd'hui rêvent souvent : les véritables maîtres à penser de la Cité. Stefan Zweig est, à ce titre, un écrivain dans la cité.