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Lettres et poèmes

Editeur :
Année de parution :
1971
Collection :
1 vol. (187 p.)
Cousine toute fraîche de Villon et Marot, Albertine du fond des âges rimant à cloche-pied, riant la larme à l'oeil, de son amour tout neuf, de ses prisons trop hautes, de sa jeunesse, est en deuil. Un deuil arlequin, un deuil de mi-carême, un peu masqué, un peu gavroche, un peu fêtard, - un deuil qui pour sauter plus leste le ruisseau trousse un peu haut son jupon noir : mais quoi, l'heure est grave quand même, et n'en finit pas de le rester, puisque c'est la vie qui s'écoule, au goutte à goutte, et s'en va vite, laissant quoi? laissant tes grandes prisons muettes, qui continuent, Albertine, sans toi, et ton amour inconsolé, et, pour nous, le chant de ta peine, le son unique de ta voix. Tu es le page et la princesse, le trouvère mince à la viole d'amour, et la dame captive à la plus haute tour, au hennin bleu dont le voile, très haut, très loin, mime un signal mal compris : signal de délivrance, ou éternel adieu? Ses lettres sont aussi poèmes, parce que sa plume d'or change en poème n'importe quoi. Ou plutôt, parce qu'il n'y a pas, dans sa vie, la moindre place pour le « n'importe quoi ». Qu'elle écrive deux mots, et elle se livre toute, douce et fondante à la tendresse, dure et sans merci pour son ennemi numéro un : la bêtise. Alors, la flûte mélancolique au pied de la muraille d'ennui laisse la place à la fanfare, et combien guerrière, et de quels oriflammes précédée dans la plaine claire du combat... C'est à ce combat qu'elle est morte. Et le doux-amer coeur-à-coeur de la lire aujourd'hui nous stimule à relever sa lance si nous ne savons pas reprendre la rare musique de ses mots enchantés. Source : Le Livre de Poche, LGF