Connu pour sa direction énergique et remarquée depuis le clavecin, le jeune et étonnant Maxim Emelyanychev, chef d'orchestre depuis l'âge de 12 ans, est aussi un soliste accompli, titulaire de nombreux prix internationaux. Pour ce premier disque en solo, c'est à nouveau Mozart qu'il grave. Les fameuses Sonates n°14, 16 et 18 (K.457, 545 et 576) ici enregistrées - introduites par une Fantaisie au discours grave - témoignent de la maturité d'un langage mozartien dans sa dernière manière, aux accents pré-beethovéniens. Maxim Emelyanychev déploie au pianoforte un phrasé agile et clair, et tisse une dramaturgie marquée tant par sa puissance expressive que par la délicatesse de ses ornementations. La vitalité, le talent de ce musicien surdoué évoquent spontanément la figure d'un Mozart ébouriffé et génial, comme croqué par Milos Forman dans Amadeus. (Electre)

Chaque apparition d'Atsushi Sakai et Christophe Rousset laisse un souvenir inoubliable à ceux qui ont eu la chance de les entendre communier sur scène. Partenaires de longue date, ils sont réunis pour la première fois sur disque autour d'un compositeur pour lequel ils vouent un véritable culte : le mystérieux Forqueray. Antoine Forqueray, né à Paris en 1672, est avec Marin Marais l'un des plus grands violistes de tous les temps. Sa vie sulfureuse a nourri de nombreuses légendes. Célèbre pour ses improvisations virtuoses, il ne publie aucune de ses quelques trois cents pièces et meurt en 1745 à Mantes. Mises à part quelques pièces manuscrites copiées dans des recueils de différents auteurs, les pièces de Forqueray ont été perdues. La publication des Pièces de viole, auxquelles est consacré le présent enregistrement, demeure ainsi le seul témoignage important de son ouvre. (Electre)

Après Les Danaïdes en 2015, les Talents Lyriques gravent en première mondiale Les Horaces d'Antonio Salieri, qu'ils ont recréé à Versailles en 2016 ! Pour ressusciter cette partition, Christophe Rousset convoque un casting vocal de rêve : le ténor Cyrille Dubois, Judith van Wanroij, Julien Dran ou encore Jean-Sebastien Bou, incarnent les destins des personnages inspirés de la lutte fratricide des Horaces et des Curiaces dans la Rome antique, restituée de façon spectaculaire par un Salieri déjà romantique dans son audace musicale. (Electre)

Les dix Sonates pour piano et violon forment un monument inégalé de la musique de chambre. Ecrites pour les 9 premières sur une période de seulement sept années, entre 1798 et 1803 (la 10ème elle sera écrite plus tard en 1812), elles illustrent parfaitement le parcours vers la maturité artistique du compositeur, depuis l'influence de Mozart et Haydn des trois premières sonates vers un langage plus complexe et si moderne dont la sonate "à Kreutzer" donne un exemple parfait. Pierre Fouchenneret, un des plus remarquable représentant de la jeune génération violonistique, chambriste salué par de nombreuses distinctions et prix internationaux, affronte le défi d'enregistrer ce cycle majeur en trois concerts au côté du pianiste Romain Descharmes. Par leur vision rafraîchissante, profonde et juste de ces oeuvres, passant tour à tour de la fougue à l'extrême poésie sans jamais perdre de vue le nécessaire classicisme du style, ils nous emmènent dans un voyage au sommet sans escale au coeur de l'univers beethovénien, aux portes du romantisme. (Electre)

François Couperin, qu'on appela Couperin "le Grand" était issu d'une dynastie de musiciens très en vue à partir du début du règne de Louis XIV. Cette dynastie restera importante après sa mort. Musicien choisi personnellement par le Roi Soleil, il a eu pourtant une vie sans relief particulier passant des orgues de St Gervais à Paris à celles de la Chapelle Royale à Versailles. Si la France s'est empressée de l'oublier à sa mort qui correspond à l'affirmation du génie de Rameau, les Allemands eux, à la suite de J. S. Bach, le considéreront comme l'expression la plus accomplie du génie français au 18ème. Et c'est ce génie de François Couperin et ses précieux secrets que Christophe Rousset nous révèle au travers de cet enregistrement. Ainsi, la sublime cantate Ariane consolée par Bacchus nous est ici dévoilée en première mondiale, servie par un casting de rêve et la fameuse prise de son "Aparté". (Electre)

Le Freiburger Barockorchester, dirigé depuis son violon par Gottfried von der Goltz, livre un enregistrement inédit de la rarissime Passion Das Selige Erwägen de Telemann. Au-delà d'une simple mise en musique du récit de la passion du Christ, comme chez Bach, on entend dans cette partition une succession de méditations. Si on connaît mal sa genèse, on sait que le succès de cette ouvre fut considérable, plus encore que celui de la Passion selon Brockes ou de l'oratorio La mort de Jésus. La clarté de la diction et la transparence des voix dans les chorals rendent ici justice à l'expression dramatique typique de ces ouvrages sacrés. De l'art théâtral de l'opéra naissant, Telemann s'inspire pour confier à l'orchestre le soin de souligner, grâce à une instrumentation raffinée, l'émotion, parfois doloriste, charriée par le texte. La sonorité des chalumeaux, ancêtres de la clarinette, enrichit la texture sonore et participe de la diversité de caractères qui témoigne de l'imagination du compositeur. (Electre)

Si on connait surtout Charles Gounod pour ses opéras, le compositeur français a aussi composé quelques 170 mélodies, sur des poèmes français pour l'essentiel. On y croise ainsi Hugo, Musset ou Lamartine mais aussi des auteurs plus anciens où le temps a laissé le charme de sa patine sur la langue. ẗonnamment, un tiers du corpus est anglais : un attrait pour la langue de Shakespeare sans doute né durant les quatre années passées à Londres. Afin de faire sonner cette poésie, sa musique souple et intime se plie à l'articulation et l'inflexion naturelle des vers, témoignant de l'amour porté par le compositeur au texte. Le baryton Tassis Christoyannis et le pianiste Jeff Cohen, rompus aux enregistrements de référence de mélodie française, possèdent tout le talent pour restituer idéalement ce répertoire rare. (Electre)

Ce premier enregistrement mondial d'une partition de Grétry tombée aux oubliettes est né de la collaboration du festival norvégien Barokkfest et du Centre de musique baroque de Versailles. Représenté quelques semaines avant la Révolution française, Raoul Barbebleue est un opéra-comique inclassable, aux implications musicales et dramatiques étonnantes, qui inspireront Offenbach. Univers médiéval et merveilleux se côtoient dans cette réécriture du conte de Perrault, qui annonce déjà, tant par son écriture que par son goût de l'épouvante, le romantisme à venir. Loin des standards du genre, Raoul Barbe-bleue expose une fresque volontiers politique et dépeint une noblesse cruelle, rendue parfois grotesque par le mélange du registre tragique et des ressorts comiques, du travestissement au valet souffre-douleur. (Electre)

Après Les Danaïdes et Les Horaces, Les Talens Lyriques concluent leur cycle des opéras français d'Antonio Salieri avec le premier enregistrement mondial de Tarare. Souvent placé injustement dans l'ombre de Mozart, son génial contemporain, Salieri signe ici un authentique chef-d'oeuvre, sur l'unique livret jamais écrit par Beaumarchais. La musique épouse les quiproquos, rebondissements et scènes de grand spectacle du récit pour donner naissance à un opéra qui regarde vers le romantisme, interprété avec jubilation par Les Talens Lyriques et Les Chantres du Centre de Musique Baroque de Versailles. De quoi redorer définitivement le nom de Salieri. (Electre)

Coup de maître né de la collaboration du compositeur Lully et de son librettiste Quinault, la tragédie en musique intitulée Alceste fit grand bruit au moment de sa création en 1674. Le registre tragique était réservé au théâtre, tandis que la musique se contentait de la veine comique. Mais grâce aux talents conjugués du duo, la scène de l'Académie Royale de Musique vit se développer le nouveau genre tragique et lyrique. En plus du choeur, les neuf solistes, dirigés avec énergie et finesse par Christophe Rousset, campent ici des personnages aux passions plus vraies que nature. (Electre)

Après avoir gravé la musique de Bach, Couperin et Duphly, c'est en interprète documenté que Christophe Rousset enregistre pour la première fois la musique pour clavecin du compositeur français Claude Balbastre (prononcez Balbâtre). Peu connu du grand public, le musicien du XVIIIème siècle contribua pourtant à perfectionner la facture du piano-forte et à faire connaître ce nouvel instrument. Influencé par des compositeurs comme Händel et Domenico Scarlatti, maîtres du répertoire vocal, il séduit par une écriture lumineuse, pleine d'effets. (Electre)

Offert par le roi Louis XIV à sa belle-soeur, la princesse Henriette d'Angleterre, Le Ballet royal de la naissance de Vénus est créé en 1665, avec la princesse dans le rôle-titre. Cette suite de douze entrées mêlant danse, musique et poésie narre la venue au monde de la déesse de l'amour et de la jeunesse. Ce spectacle grandiose sert la puissance du roi et atteste de la magnificence de la cour. Il témoigne également, par sa grande inventivité musicale, de l'aboutissement auquel Lully mène le genre dans lequel il puisera pour créer la future tragédie en musique. Il est complété ici par des extraits des Amours déguisés, de Psyché, du Bourgeois gentilhomme et du Carnaval, avec la célèbre plainte d'Armide abandonnée Ah Rinaldo! È dove sei ?, ou encore un air burlesque de l'instituteur-médecin Barbacola, incarné par Lully lui-même le jour de sa création. Les Talens Lyriques et Christophe Rousset font ici revivre la beauté des spectacles donnés à la cour, qui feront sa réputation et également celle du Roi.

En 1914, Stravinski est plus que jamais occupé par la Russie primitive et ses traditions. Il s'attèle ainsi, jusqu'en 1923, à la composition des Noces, qu'il destine aux Ballets russes. Ces 'scènes chorégraphiques avec chant et musique' représentent, en quatre tableaux, une cérémonie de mariage de la Russie paysanne. La musique de Stravinski conjugue brutalité rythmique et force incantatoire, rappelant le caractère à la fois éternel et inexorable du cérémonial nuptial. L'oeuvre connut plusieurs essais d'instrumentations différentes. Mathieu Romano, l'Ensemble Aedes et Les Siècles enregistrent ici pour la première fois l'intégralité de la version 1919 (achevée en 2007 par Theo Verbey), destinée à un ensemble mêlant percussions, cymbalums hongrois, harmonium, pianola et voix. Claire, mordante, découpée, cette instrumentation inouïe est transposée au Boléro de Ravel par Robin Melchior, dans une version inattendue qui, par sa suavité, se révèle une totale réussite.

Benjamin Godard, violoniste et pianiste de grand talent, charma les salons de la Troisième République par l'élégance et la précision de son jeu. Il fut aussi un compositeur prolixe dont on ne s'étonnera pas qu'il ait dédié à ses deux instruments quatre splendides sonates qui forment un corpus de premier ordre. Nicolas Dautricourt et Dana Ciorcalie nous livrent avec un plaisir évident la qualité de l'inspiration du compositeur et son intensité émotionnelle qui tranchait avec la virtuosité romantique facile très en vogue à cette époque. (Electre)