Le projet du Grand Paris, qui a pour but de complètement rénover la région parisienne avec plus de métros, de gare et des banlieues plus attractives, est en cours en 2018. Il coûte la bagatelle de près de 38 milliards d'euros, une somme colossale pour un projet qui l'est tout autant. Il devrait avoir d'importants impacts sur les transports et l'économie, mais aussi le social et l'immobilier. Au coeur de ce projet, les grands groupes de travaux : Bouygues Construction, Vinci, Eiffage.

L'absence de mixité sociale dans les grands ensembles serait la principale cause de leur ghettoïsation. Aussi séduisant soit-il, ce raisonnement est infondé : la ville française moderne n'a jamais été un exemple de mixité sociale. Les communes de Sarcelles et Paris peuvent en témoigner aujourd'hui.

Pour qui fait-on la ville aujourd’hui ? A l’heure des partenariats public-privé, du désengagement de l’Etat dans la vie de la Cité et d’une orientation managériale des affaires politiques du pays, ce qu’on observe est inquiétant. Partout, les villes sont fracturées : selon des critères économiques, selon des orientations idéologiques et selon la couleur de peau. C’est ici une ville qui se privatise et là se disjoint ; qui ici s’embourgeoise et là périclite ; se touristise ici mais là se meurt.

Au lieu d’incarner la figure de garant des valeurs républicaines et de la cohésion sociale sur tout le territoire, l'Etat est en train de limiter son action à l’observation des gestions frontistes, persuadé qu’il s’agit d’expériences courtes – la durée d’un mandat municipal – qui s’effaceront quand elles seront reniées par les électeurs à l’examen du bilan de leur maire.

Face aux stratégies d’exclusion sociale au sein des communes frontistes, l’Etat a abdiqué et la population est de plus en plus tolérante à l’idéologie raciste. On pourrait pourtant interdire le Rassemblement national.

La politique de la ville a laissé s’édifier une société des exclus de la République, abandonnant toute perspective d’égalité. Il n’est donc pas étonnant que les résidents des quartiers populaires ne votent plus.