"Anatomie d'une chute", s'ouvre par une séquence d'interview catastrophique. Il est donc troublant de s'installer face à Justine Triet, à Paris, quelques jours après son retour du Festival de Cannes. Réalisatrice de "La Bataille de Solférino" (2013), "Victoria" (2016) et "Sybille" (2019), nous la rencontrons pour la première fois. Et c'est ici, dans cet appartement, que le scénario de son quatrième long métrage a germé. Dans le salon, s'attardent des valises pas encore défaites et une maison de poupée qui pourrait bien être un petit chalet, une volée de marches monte vers l'étage.

Avec son court métrage portant le même titre et interprété par les mêmes acteurs, Ladj Ly avait déjà fait sensation. Le long métrage, qui fut une révélation au dernier festival de Cannes (voir no 701-702 p. 91), est autrement plus complexe et ambitieux. Porté par un élan qu'il sait insuffler à toute son équipe et à ses comédiens, le cinéaste dresse le portrait d'une banlieue qu'il connaît bien, pour y avoir grandi et filmé depuis de longues années.

Nous avions quitté Pierre Salvadori au terme d'un film doux-amer et poétique qui offrait à une comédienne de renom l'un des plus beaux rôles de sa carrière récente.

Edward Norton, acteur surdoué, avait succombé à l'attrait de la réalisation en 2000 avec une agréable comédie, "Au nom d'Anna". Il lui a fallu dix-neuf ans pour récidiver l'expérience avec "Brooklyn Affairs" (Motherless Brooklyn), œuvre ambitieuse et personnelle. La réussite est d'autant plus réjouissante qu'elle préserve en même temps la jubilation du film de genre en renouvelant avec inventivité et humour les codes narratifs et visuels du film noir.

Franck Garbarz livre une critique de "Si Beale Street pouvait parler" où l'on suit le combat de Tish pour faire libérer Fonny, unis par un lien d'amour mis à mal.

En ces temps de confinement sanitaire, voici une remarquable fiction, quoique librement inspirée d'une histoire vraie, sur l'irrépressible volonté d'une jeune femme de s'extraire d'une autre forme d'enfermement. Car Esther, la toute jeune héroïne d'"Unorthodox", n'a jamais rien connu d'autre que la communauté hassidique où elle vit depuis sa naissance.

Et dire que certains pensent encore qu'il tourne toujours le même film ! Avec cette variation tragique à la théâtralité assumée qui évoque Tennessee Williams et Eugene O'Neill, Woody Allen prolonge les réflexions sur le hasard et le destin de ses récents opus- "L'Homme irrationnel" ou "Café Society" - en plongeant quatre personnages dans un Coney Island sublimé par la lumière de l'incomparable Vittorio Storaro.

Déployant une mise en scène d'une belle fluidité, orchestrée comme un ballet, Nakache et Toledano signent quelques séquences drôles et poétiques, comme la chorégraphie en ballon du marié. Une fois encore, les deux réalisateurs, qui semblent ici convoquer Méliès, tutoient l'absurde et l'imaginaire. La preuve que l'on peut réaliser une comédie française sans négliger pour autant la forme.

Retour réussi de la réalisatrice Tonie Marshall avec "Numéro Une" qui relate le dur combat des femmes managers dans l'industrie. Captivant et d'une grande justesse, le film prend l'allure d'un thriller économique.